Je ressors mitigée d'une pièce pour deux acteurs sur Rimbaud. Malgré le choix judicieux d'un non-récit biographique et le bonheur d'écouter ces textes résonner dans l'espace sonore, je demeure trop intimement attachée à l'homme et à son oeuvre pour adhérer à une tentative de mise en scène de son univers.

Charleville. Ouverture sur une boucle de 'Venus in Furs' du Velvet Underground, un garçon de dos écrit frénétiquement un poème imaginaire à la surface d'un mur en lambeaux. Un deuxième homme apparaît dans l'ombre, son poignet surgit dans la lumière. Rimbaud face à lui-même, face à ses contemporains, face à son démon.

Paris. Emotion brute à l'écoute des poèmes, des fragments de correspondance... Sensation familière.
Redécouverte du Bateau Ivre, dont certains passages me paraissent éclairés.

Londres. Rimbaud homme - Rimbaud femme. Talons aiguilles contre nudité. Rimbaud coincé avec lui-même, appuyé contre le mur.

Charleville. Un homme qui tourne en rond, sous le regard désabusé de son double. "Je est un autre."

L'Afrique. Vêtu d'une simple tunique de lin blanc, le sable glisse à travers sa main, comme un rayon de lumière.


Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah! que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent.