"Comment finit un amour? _ Quoi, il finit donc? En somme, nul _sauf les autres_ n'en sait jamais rien ; une sorte d'innocence masque la fin de cette chose conçue, affirmée, vécue selon l'éternité. Quoi que devienne l'objet aimé, qu'il disparaisse ou passe à la région Amitié, de toute manière, je ne le vois même pas s'évanouir : L'amour qui est fini s'éloigne dans un autre monde à la façon d'un vaisseau spatial qui cesse de clignoter : l'être aimé résonnait comme un vacarme, le voici tout à coup mat (l'autre ne disparaît jamais quand et comme on s'y attend). Ce phénomène résulte d'une contrainte du discours amoureux : je ne puis moi-même (sujet énamoré) construire jusqu'au bout mon histoire d'amour : je n'en suis le poète (le récitant) que pour le commencement; la fin de cette histoire, tout comme ma propre mort, appartient aux autres; à eux d'en écrire le roman, récit extérieur, mythique."