Ces filles-là viennent de Brooklyn. Pourtant on les croirait échappées d'un roman. Alice au pays des merveilles? The Virgin Suicides? Il y a vraiment là quelque chose de merveilleux, comme dans les contes ou un film de Sofia Coppola. Quelques morceaux égrenés ça et là, qu'on imagine créés dans l'intimité d'une chambre d'ado, à la lumière d'une bougie. A la lumière aussi d'influences diverses : les synthés de Lali Puna, les ambiances de Broadcast, la lo-fi de Pavement, la fraîcheur de Belle and Sebastian... un univers qui palpite grâce à Bontempi, Atari et diverses boîtes à rythmes vintage.

The Bird of Music, premier album après un Ep sorti en Angleterre, nous entraîne dans un monde tout doux, romanesque et onirique. A la manière des photographies d'Hamilton faites de fleurs et de dentelles. Ces chansons ont la même ambiance vaporeuse début de siècle, que le photographe obtenait en fixant un bas nylon sur son objectif.

Ouverture solaire et bucolique sur The Lucky One et ses choeurs façon Beatles, ambiance nostalgique acidulée sur Sad Song ("Play me a sad song/ 'Cause that’s what I want to hear") ou enjouée sur Fallen Snow ("Cause nothing's worse than seeing you worse than me/ And nothing hurts like seeing you hurt like me/ The consequence is less than the happiness you bring to me/ There's more to give than what you take from me").

Certaines mélodies s'accrochent plus que d'autres dans la mémoire : I Couldn't Sleep, bande son idéale de la monotonie des journées qui passent... ;(A Violent Yet) Flammable World comme une odyssée à la Bowie, grandiose symphonie en canon.

Un album à écouter le dimanche après-midi quand le temps semble se figer, à l'aube ou au crépuscule quand la lumière est douce (Don't See the Sorrow).

Un morceau pop imparable pour avoir la pêche en allant au boulot (c'est pourtant contradictoire) : Stars ("And since we met I simply cannot forget/ You are on my mind/ Yeah since the day we met/ I think I haven't slept/ More than an hour at a time/ You make wanna measure stars in the backyard with a calculator and a ruler baby/ I found a letter that describes how the moonlight will lead me to the distant place that you will be").

Et un beau final avec de belles paroles à l'instar du concert à la Maroquinerie sur The Way to There ("If you feel/ Compelled towards me/ Then it's just gravity/ The seconds/ Stretch to days/ Because time was/ Made that way").

Un morceau lumineux pour conclure qui fait penser à The Tourist sur OK Computer de Radiohead (OK rien à voir mais la même impression à la fin). Les voix d'Annie, Erika et Heather s'assemblent parfaitement, un peu comme Kings of Convenience ou Simon & Garfunkel. On ira absolument écouter ces voix angéliques à la Fondation Cartier le 21 mai juste avant la clôture de l'expo de leur plus grand fan : The Air is on Fire de David Lynch.

So let the sun shine
Let it come
To show us that tomorrow is eventual
We know it when the day is done

http://aurevoirsimone.com/