Un drôle de week end. La lutte pour arriver, la lutte pour repartir.
Le train part - Montparnasse. Les champs, l'horizon, des éoliennes.

Elles ont toutes ce petit goût d'ailleurs, même derrière les fenêtres du TGV.
Dans mes oreilles : The Songs of Leonard Cohen... So Long, Marianne...

Clochers, villages, questions. Comment filmer le voyage? Je pense à des road trips.
Un de mes plus beaux souvenirs de voyage : le train de nuit Paris-Toulouse. Les trains de nuit sont de vieilles machines poétiques.

Je pense à l'Inde, la Russie, les trains, les aurores qui m'attendent. Je pense au départ.

Arcachon - hamburger dans le sable. Premières caresses du soleil.

Biscarosse Plage et les scarabées volants! The flying beatles!

L'épreuve de la dune avant la mer. Désert d'eau et de sable.

Promenade dans les pins, odeurs d'épines séchées : ma petite madeleine de Proust.
Pommes de pins et bruyères, les pieds toujours dans le sable...

Course folle dans le vieux Bordeaux. Destination : la consigne de la gare.

L'attente sur le quai. Le train de 23h31. Les voyageurs de la nuit.
Un arrêt toutes les heures : Angoulême, Poitiers, Orléans... Des silhouettes montent et descendent du train. Qui sont ces gens qui voyagent la nuit?

Enfin l'aube qui nous attend, qui nous accueille, pareille à une "illumination", dont je ne résiste pas à rechercher les vers...

J'ai embrassé l'aube d'été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte.
Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins:
à la cime argentée, je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée
avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.


6h15, gare d'Austerlitz, pont de la Gare de Lyon, métro, boulot, dodo.