Pour changer complètement et se retrouver sur une autre planète, Control réussit son beau pari : nous emmener dans le Manchester des années 70 et assister à la formation du groupe Joy Division.

Anton Corbijn plante le décor musical et spirituel : Bowie/ Buzzcocks/ Sex Pistols/ les poèmes de Wordsworth/ pintes et caves en guise de salles de concert.

Sacrée époque.

La musique de Joy Division, plus vraiment punk et pas encore cold wave, émaille le film, lui donne son rythme absolu. Bonheur d'écouter sur grand écran ce son grave, tendu et nerveux... et de re-découvrir ces chansons à la lumière de leur contexte personnel (même si celui-ci est forcément orienté : le film est une adaptation du bouquin de Deborah Curtis, la jeune épouse délaissée...).

L'histoire se déroule toute seule, implacablement, notamment grâce à la qualité de ses interprètes.
Sam Riley EST Ian Curtis.
Le regard sombre, perdu, vague, tendre.
La gestuelle.
C'est impressionnant de réalisme.

L'image est très belle aussi, on dirait un film de photographe : un noir et blanc parfait, contrasté juste comme il faut, des cadrages dignes d'être encadrés... Et les visages de Ian, Debbie, Annick qui restent collés à notre rétine photosensible.

Justement en parlant de photo, celles de Pierre René-Worms, prises lors de la seule date parisienne de Joy Division en 1979, sont exposées à la galerie Agnès b. (rue du Jour derrière les Halles) jusqu'à aujourd'hui (tsss y'a vraiment des infos qui sont mal relayées par les médias). Je compte bien y faire un saut dans la journée par curiosité...