On profite au mieux de ses jours de repos en semaine, en allant par exemple au Grand Palais voir l'expo sur Gustave Courbet, parce-qu'on aime le XIXe siècle et que l'on se souvient avec nostalgie de ses cours d'histoire de l'art.

Dommage que les expositions dans ce beau lieu aient toujours autant de succès : difficile de se frayer un chemin parmi les curieux!

Ma période préférée se situe entre 1840 et 1855 : la période romantique, à la palette sombre et tourmentée.
On peut voir de nombreux portraits et autoportraits de cette période.

Un autoportrait de Courbet (il semblait affectionner la pipe)

Le magnifique Portrait de sa soeur Juliette, une étude pleine de douceur

Jo l'Irlandaise, sa muse à la chevelure flamboyante

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Evidemment, il y a les immanquables, les monumentaux, les scandaleux Enterrement à Ornans et Atelier du Peintre à admirer. On essaye d'imaginer quelle galère ce doit être de transporter ces éléphants, ne serait-ce que pour leur faire traverser la Seine (L'Enterrement est d'habitude au Musée d'Orsay).

Et puis de nombreux tableaux illustrent l'attachement du peintre à sa région natale, la Franche Comté.
Pour un parisien d'adoption, ses toiles ont toutes des sujets ruraux, bucoliques, simples. La ville ne l'intéresse pas.

L'exposition tient ici un de ses points forts : la comparaison de photographies d'époque (de Le Gray, Le Secq et Giroux entre autres) avec les toiles du maître, notamment sur les grottes, la forêt et les vagues.
La photographie, encore balbutiante, comme un négatif aux peintures de Courbet. Une idée encore inédite.

Très fort.

La source de la Loue, exposée en trois versions différentes et identiques peintes la même année

Le chêne, un de mes tableaux préférés, en provenance d'un musée de Tokyo, une occasion unique de l'oberver !

Une marine entre les nombreuses exposées, toutes aux ciels lourds et menaçants... j'ignorais complètement cet aspect de son oeuvre

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D'autres salles nous présentent la "tentation moderne" de Courbet, toiles où sa palette s'éclarcit, son style change pour plaire à une plus large clientèle de commandes.

Egalement sa période de nus, très connue, dont L'Origine du Monde, et quelques femmes alanguies, souvent endormies, les yeux mi-clos.
En parallèle on peut observer des photos "obscènes" de nus d'époque. Très intéressant.
J'ai aussi noté au passage un message ridicule, politiquement correct, devant l'entrée de la salle de L'Origine : "certaines images dans cette salle peuvent heurter la sensibilité". Non mais quoi? Courbet pornographe? De qui se moque-ton?

L'avant dernière salle présente un autre aspect méconnu de son oeuvre : sa passion pour la chasse, transfigurée dans des tableaux mélancoliques (ceux avec la neige m'ont beaucoup plu).

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La dernière salle, toute petite, relate son exil en Suisse à la suite de ses déboires en rapport avec la Commune de Paris.
Je suis hypnotisée par ses natures mortes, surtout les Pommes et Poires diverses.
Il ne peint que des sujets "neutres" pendant cette période : natures mortes, truites accrochées comme des trophées, vanités mélancoliques qui traduisent son désarroi. Son très bel Autoportrait à Sainte-Pélagie est le seul témoignage direct de cette époque.

Pommes et Poires

Autoportrait à Sainte-Pélagie