Chouette festival parisien, les Etés de la Danse permettent aux aficionados de découvrir de grandes compagnies étrangères pratiquement inconnues du public français.

Après le Ballet de Cuba l'année dernière, c'est au tour du Ballet de Montréal de montrer l'étendue de son talent sous la grande verrière du Grand Palais.
Le lieu est sublime. Mon regard ne parvient pas à s'en décrocher.

Les danseurs sont très bons, vraiment différents de ce que j'ai l'habitude de voir à l'Opéra de Paris : des physiques plus contemporains, disparates, uniques. Danser un tel répertoire serait surement salutaire pour la troupe parisienne...

La première pièce, Toot, oscille entre l'univers du cirque et l'asile d'aliénés dans une mise en abyme de notre collectivité.
Le chorégraphe s'interroge "sur l'identité, l'individualité et le rapport de l'individu à la société. La société a sûrement été créée au bénéfice de l'individu, ou serait-ce maintenant tout le contraire? Faut-il perdre son individualité pour faire partie de la société ?"
La scénographie est très bien pensée, de simples blocs sont tour à tour silhouettes, brins d'herbe, barques, bancs, briques... Une belle trouvaille.

La deuxième pièce, Noces, laisse un drôle de goût dans la bouche. Morbide.
Sur un air d'opéra strident de Stravinski, les fiancés dansent leurs noces sur un rythme entêtant.
Ca me rappelle le Sacre du Printemps, du même Stravinski, où chaque danseur est un "élu" potentiel, porté aux nues puis sacrifié.
"La fête, qu'elle soit sacrée ou profane, qu'elle soit prélude à l'attaque, qu'elle soit réjouissance ou tristesse, qu'elle laisse le souvenir d'un présent, qu'elle perpétue un passé, qu'elle appelle ou conjure un futur, la fête, en toutes ses formes, refoule la mort."
Ambiance...

Pour finir la soirée, Six Dances, une farce burlesque de Jirí Kylián, immense chorégraphe, un peu la tête d'affiche de la soirée.
Dix minutes de Mozart, de décadanse, d'absurde.
Une pièce pas vraiment représentative de l'oeuvre de Kylián, un peu anecdotique à mon humble avis.

Un bilan plutôt positif finalement, avec des oeuvres contemporaines qui font réfléchir et qui ne tournent pas à vide comme c'est souvent le cas.