Une exposition à ne rater sous aucun prétexte!

Moi qui craignais une énième expo sur une sommité de la photographie (marre de voir toujours les mêmes noms à l'affiche : Henri Cartier Bresson, Martin Parr, Marc Riboud...), j'ai quand même suivi le conseil d'un ami et suis allée voir de quoi il en retournait.

Les deux tiers de l'exposition sont consacrés aux collections personnelles de Martin Parr :

- une collection impressionnante de photographies : la plupart à caractère social et d'auteurs britanniques (on y sent l'énorme influence sur son propre travail) ainsi que quelques signatures plus connues (Robert Franck, William Eggleston...). L'occasion de découvrir des photographes peu connus pour moi :

Keith Arnatt

Chris Killip

Mark Neville

Tony Ray-Jones

Gilles Peress

- les livres de photographies : là encore très impressionnant. Une sélection vraiment personnelle avec quelques raretés et des livres fondateurs dans l'histoire de la photographie (sa première acquisition fut Les Américains de Robert Franck).

- les objets : incroyable et insolite.
"J'éprouve une grande attirance pour les objets éphémères. Leur signification et leur contexte culturel se modifient à mesure que le monde change. Beaucoup de ces objets sont en lien avec des personnes ou des évènements qui renvoient à la gloire révolue d'époques et de lieux bien précis. Quand cette gloire s'enfonce dans le passé, l'objet prend une résonance nouvelle."
Quelques-unes de ses obsessions : Margharet Thatcher, Saddam Hussein, les Spice Girls, la conquête de l'espace, le 11 septembre... repertoriés à travers des objets triviaux du quotidien : montres, réveil, papier toilette, médailles, stylos...

Enfin, la grande salle à l'étage nous présente une de ses dernières séries : Luxury (1994-2008).

Il prend à contrepied son thème de prédilection (la misère sociale) pour enquêter sur les signes extérieurs de richesse.
Il parcourt pour cela les endroits les plus "puants" de la planète (de Dubai à Moscou, Miami, Chantilly) et écume les foires d'art contemporains, défilés de mode, champs de courses. Ce qu'il y observe est à la fois grotesque et effrayant.
Il réussit avec brio à dénoncer ces comportements déviants de nouveaux riches, où l'hypocrisie, l'ostentation et l'excès sont religions.
Son "truc" de photographe : trouver le détail qui tue.

En bref : une exposition vraiment très riche, dont on peut faire le tour en 1h30/2h tranquillement, où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde et où l'on découvre la personnalité d'un photographe à part. On comprend mieux en sortant du Jeu de Paume ce regard si acéré sur la société.

A noter à l'entrée du Jeu de Paume, un Foto Automat pour se faire de super photos d'identités en 4 poses pour 2 €.