C'est à une véritable plongée sensorielle que Jane Campion nous invite.

Toute l'essence du film est résumée dans cette très belle scène où John Keats tente d'expliquer l'expérience poétique à Fanny Brawne.
Quand un homme décide de plonger dans un lac, ce n'est pas pour retourner vers le rivage. Il se laisse immerger, ressent l'eau, les éléments, sans réfléchir, en prenant le temps...

Ici le temps défile lentement, doucement, à travers les saisons et leur empreinte sur le paysage.
On se laisse happer par cette histoire d'amour au XIXème siècle, entre dentelles et dandys (mais ce n'est pas cela que l'on retient).

Le regard est sans-cesse attiré par la grâce des deux personnages principaux, leurs gestes, leurs atours.

Tout cela entouré d'une nature luxuriante, toujours présente, avec des scènes ou des images qui resteront longtemps dans un coin de notre tête : les jeux avec la petite soeur de Fanny, "Toots" (un pendant intéressant au regard d'enfant du poète, le "voleur de feu", celui qui dit la Vérité - qui est Beauté), l'élevage de papillons dans la chambre de Fanny, le poète qui grimpe à la cime d'un cerisier et qui s'y repose, littéralement allongé dessus.

Le plus beau dans tout ça? Ce sont les mots.
Les vers s'intègrent naturellement aux dialogues, et illustrent les images (normalement, c'est l'inverse!).

Une seule idée en tête en sortant du cinéma : me plonger dans les poèmes de Keats très vite!