J'adore les expositions de la Cité de la Musique.
Depuis We want Miles, je surveille de plus près ce qui s'y passe.

Je suis loin d'être érudite en musique classique, mais je trouve que ces expos sont une bonne façon de s'y plonger et de la comprendre un peu mieux.

On commence ce parcours en cinq temps par une immersion dans la Pianopolis de 1830 (surnom donné à Paris, capitale des arts et du piano). Quelques gravures et tableaux nous dressent le portrait de la bourgeoisie qui fréquente les salons mondains.
Chopin y rencontre notamment Franz Liszt (à qui il voue une grande admiration) et Camille Pleyel.
Au faste des grands concerts très en vogue, il préfère la discrétion des salons, jouant rarement et devant un cercle de privilégiés.

Toute une partie de l'exposition est consacrée à la facture des pianos (Chopin jouera sur des pianos Pleyel toute sa vie) qui connaît à l'époque un essor considérable.
On peut également observer quelques "instruments de torture" très bizarres censés modeler la main des pianistes... le sujet était manifestement pris très (trop) au sérieux!
Chopin privilégie la pratique avec une approche "intuitive", la main gauche marquant le rythme tandis que la main droite s'envole sur les touches.

On passe assez rapidement sur sa relation avec George Sand (de 1838 à 1847 quand même!) et son amitié avec Delacroix (qui fit son portrait en Dante et qui signe en rébus, cf ci-dessous).
Leurs longs débats sur les rapports entre musique et peinture sont évoqués via un extrait du Journal de Delacroix.
Cela donne envie d'en savoir plus, cette partie étant relativement peu développée...

Chopin fréquente assidûment les cercles d'expatriés polonais à Paris. Il cultive une grande nostalgie de son pays, qu'il fût forcé de quitter en novembre 1830.
On comprend que cet épisode est déterminant dans son oeuvre, pourtant avec seulement quelques gravures et quelques morceaux à écouter (mazurkas et polonaises) on reste sur sa faim.

Une autre frustration : ne pas en savoir plus sur ses élèves qui sont rapidement évoqués à travers les partitions annotées par Chopin. Cet instrument de travail nous montre que Chopin compose directement sur le piano. Les partitions sont raturées, travaillées jusqu'au dernier moment (parfois juste avant l'impression), un peu comme les manuscrits d'un poète .

George Sand écrivait : « sa création était spontanée, miraculeuse. Elle venait sur son piano soudaine, complète, sublime ».

Une petite partie est consacrée aux sources d'inspiration du maître : Bach (dont il joue chaque jour le Clavier bien tempéré), Mozart qu'il place au-dessus de tous et le bel canto italien (on peut écouter Casta Diva, extrait de Norma de Bellini).
Malgré ces références "éclectiques" il compose exclusivement pour le piano, sous des formes très diverses : études, préludes, sonates, variations, scherzos, valses, tarentelles, berceuses..

Ce sont les nocturnes et ballades qui me touchent le plus.
A l'écoute de certaines pièces, dans cette ambiance feutrée et sous la lumière tamisée, les larmes montent facilement aux yeux.

L'exposition se termine sur un salon de cinéma, avec des extraits de films mettant en scène la musique de Chopin.
Un extrait marquant en particulier : Sonate d'automne d'Ingmar Bergman, jeu de regards entre Ingrid Bergman et Liv Ullmann.

Un bilan mi-figue mi-raisin pour cette exposition dont c'est le dernier jour aujourd'hui (oui, va falloir courir si ça vous intéresse!!).
Une belle introduction pour aborder Chopin, un peu rapide pour une expo censée célébrer son bicentenaire...

le site de l'expo
un article de l'Intermède (très bien écrit)