Don Quichotte

Soirée à l'Opéra pour voir Don Quichotte, déjà vu il y a quelques années et qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Et bien c'est réparé! J'ai passé un très bon moment à admirer la merveilleuse Aurélie Dupont (au jeu et à la technique parfaits), le danseur russe invité Denis Matvienko (impressionnant de puissance dans les tours et les sauts) et les très bons danseurs de l'Opéra comme Alice Renavand, Alessio Carbone ou Jean-Guillaume Bart. Don Quichotte est un ballet-comédie très plaisant, jouant souvent sur le comique de situation et alternant passages classiques et moments théâtraux. La musique hispanisante joue également sur le registre drolesque et ce sont finalement 2h30 qui passent tout en légèreté.

Hier était aussi l'occasion de découvrir la prochaine saison de l'Opéra, très contemporaine au déplaisir de certains... Pour ma part ce sera Wuthering Heights en septembre, Roméo et Juliette de Sascha Waltz en octobre, Preljocaj en novembre, Casse Noisette en décembre (Nôël oblige...), Spartacus par le ballet du Bolchoi en janvier, Pina Bausch (at least!!) en février, Mats Ek en avril, La Dame aux Camélias en juin et Signes de Carolyn Carlson pour la matinée gratuite du 14 juillet!

En parlant de matinée gratuite, je signale aux aficionados que cette année ce ne sera pas un ballet soporifique (hein Nico? ;) ) mais Le Temps des Gitans monté en spectacle à Bastille par Emir Kusturicza... ça vaut peut-être le coup de se lever tôt et de patienter au soleil sur le trottoir quelques heures non? Avis aux amateurs, j'y serai !

Les Intermittences du Coeur

Après un thé à la menthe hier soir, nous rejoignons nos places aux secondes loges pour découvrir un ballet de Roland Petit inspiré de la "Recherche" de Proust.

Un ballet qui passe très vite, de tableaux en tableaux, en insistant plus sur des impressions que sur une véritable narration. Les trois premiers tableaux laissent un peu dubitatif... et puis Odette et Swan nous "font catleya", les jeunes filles en fleur papillonent dans la brise légère du bord de mer, Proust regarde dormir sa prisonnière... Quelque chose nous retient encore... Manuel Legris et Isabelle Ciaravola forment un couple proche de Roméo et Juliette dans la scène de la chambre.. Le Ier acte se consume dans le sommeil d'Albertine.

Après l'entracte, l'essai est transformé. Monsieur de Charlus se bat avec ses démons dans une danse très physique. C'est presque du théâtre. La "rencontre fortuite dans l'inconnu", scène très sexualisée en clair obscur, et le magnifique duo de Morel et Saint-Loup (très explicite également), incarné par Stéphane Bullion et Hervé Moreau, deux danseurs en symbiose parfaite. Pour en finir, "Cette idée de la mort..." ou la déchéance de la Duchesse de Guermantes. Proust y voit une image de sa mort, reflétée dans la psyché gigantesque suspendue au dessus de la scène. Il revoit défiler les grotesques mondains, les personnages qui ont habité sa vie.

Finalement le ballet nous emporte, malgré son hétérogénéité, car le IIe acte est vraiment réussi dans la psychologie des personnages, la chorégraphie, les idées de mise en scène, le choix des musiques. Il faudrait presque le revoir du début sous cet éclairage final.

http://www.danser-en-france.com/repertoire/intermittences.htm