Soirée Mats Ek @ Opéra de Paris

La Maison de Bernarda, d'après une pièce de Federico García Lorca.

Réflexion autour des thèmes de l'oppression et de la liberté.
Une veuve tyrannique, Bernarda (dansée par un homme), impose un deuil de 8 ans à ses cinq filles.
Elles vivent recluses dans la maison, ne sortant que pour aller à l'église, vêtues de noir et d'un voile.
La plus jeune des cinq filles se rebelle et transgresse l'interdit : elle aime. L'issue ne peut être que tragique.

Sur fond d'orgues de Bach et de guitares espagnoles, Mats Ek construit une pièce dense et intense.
Alice Renavand domine la maisonnée dans le rôle de la servante, Kader Belarbi revient sur la scène de l'Opéra pour incarner Bernarda, Eleonora Abbagnato danse une juvénile et passionnée soeur cadette.

Une sorte de... est un songe de Mats Ek, inspiré de Magritte.

Univers surréaliste (un homme boit dans une chaussure, des ballons baudruches explosent, une femme dans une valise...) pour un propos très ancré dans la réalité : le couple et ses ressorts cachés.
Hyper visuelle, la mise en scène captive et habille la scène, elle est un support idéal aux danseurs.

Mouvements fluides du répertoire Mats Ek, duos inventifs et drôles.
Nolwenn Daniel et Nicolas Le Riche forment le premier couple, Miteki Kudo et Benjamin Pech le second.

Au final la scène se vide, ne laissant place qu'à la danse sur toute sa vertigineuse profondeur.

Photos : Anne Deniau

Romeo et Juliette / Pina

(Monique Loudières et Manuel Legris, interprètes idéaux)

C'est le retour de la danse par ici, avec pour commencer Roméo et Juliette de Noureev, joué en ce moment à l'Opéra Bastille.

La partition de Prokofiev me fait toujours autant d'effet, elle fait plus de 50% du boulot, elle installe l'atmosphère, guide les sentiments des personnages et les émotions du public.
Les décors et costumes sont sublimes, on se croirait vraiment dans la Vérone du XVIe siècle.
La mise en scène est très cinématographique et assez moderne, il y a finalement peu de danse comparé à d'autres ballets "classiques".

Le corps de ballet semble bien s'amuser à mimer la vendetta, le plateau s'anime réellement sous leurs pas.

En bref une belle soirée, qui confirme que ce Roméo et Juliette est bien mon ballet classique préféré.

La danse c'est aussi au cinéma, avec le documentaire de Wim Wenders sur Pina Bausch.

Passons sur l'inutilité de la 3D (mais qu'est-ce que c'est que cette mode?)...
On découvre quelques pièces maîtresses de l'oeuvre de Pina, à commencer par le Sacre du Printemps, puis Café Müller...

Les extraits de ballets, assez bien filmés (surtout le Sacre) sont entrecoupés de focus sur les danseurs de sa compagnie.
De très beaux portraits fixes sur ces danseurs hors du commun, qui font passer beaucoup d'émotions par leur seul regard.
Ce qui ressort de leurs mots, c'est que Pina savait déceler la beauté en eux et les poussait à tirer le meilleur d'eux-mêmes.

En sortant de la salle, on a une envie folle de voir ces pièces en vrai, dansées par ses danseurs...

La preuve en images avec le trailer du film :