génie et folie en Occident

De bon matin, rien de tel qu'une belle et longue exposition au Grand Palais, en l'occurrence "Mélancolie". Une expo thématique organisée par périodes et par sujets: l'antique, le médiéval, la Renaissance et l'influence de l'astrologie (les enfants de Saturne), l'époque classique et la manifestation anatomique de la mélancolie, le XVIIIe siècle (ombres et lumières), l'époque romantique, et enfin le "projet historique", épilogue admirable d'une histoire en devenir... ma partie préférée car tellement surprenante et logique à la fois.

Fragment de stèle dit L’Exaltation de la fleur ou Stèle de Pharsale Vers 470-460 av. J.-C.

Martin Schongauer, Saint Antoine tourmenté par les démons Vers 1470-1473

Albrecht Dürer, Melencolia I (1514)

Nicholas Hilliard, Portrait d’Henry Percy, neuvième comte de Northumberland (1594)

Domenico Fetti, La Mélancolie (1614)

Joseph-Marie Vien, La Douce Mélancolie (1758)

Caspar David Friedrich, Le Moine au bord de la mer (1808-1810)

Théodore Géricault, La Tempête ou L’Epave (1820)

Arnold Böcklin, L’Ile des morts (1883)

Vincent van Gogh, Portrait du docteur Paul Gachet (1890)

Edward Hopper, Une femme au soleil (1961)

Ron Mueck, Big Man (2000)

Zoran Music, Poltrona grigia (Le fauteuil gris) (1998)

"De toutes les marques de la mélancolie, ou plutôt de l'accablement et de la tristesse, aucune n'est si multiple et variée que les pleurs. D'abord, le doigt se porte à l'œil et les larmes se répandent ; puis le visage s'incline vers la poitrine ; troisièmement, les joues se tirent de chaque côté dans une sorte de convulsion, et le visage prend l'aspect du sourire ; les sourcils s'abaissent sur les paupières, les yeux sont embués, les joues rouges ; la tête est douloureuse, le nez coule, la bouche salive, les lèvres tremblent, la parole est entrecoupée, et toute la poitrine est secouée de soupirs et de sanglots. Voilà tout ce qui accompagne cette triste action de pleurer. Je vais vous en expliquer les raisons une par une en commençant par les larmes."

Thimoty Bright, Traité de la Mélancolie, 1586

http://www.rmn.fr/melancolie/index.html

palais royal

Après une journée morose j'ai passé une agréable fin d'après-midi à l'exposition Girodet au Louvre.
L'expo conjugue études, dessins et chef d'oeuvres à travers toute la vie de l'artiste.
J'y ai découvert un Girodet rebelle et passionné. Certains aspects de son oeuvre m'étaient inconnus : le cycle d'Ossian et les mythes celtiques, le portraitiste insolent à travers Melle Lange en Danaé, la commande de Napoléon, la Vierge et le Christ Mort...
J'ai revu avec plaisir l'immense Atala au Tombeau, la scène de Déluge empreinte de désespoir, le portrait de Chateaubriand et les autoportraits de l'artiste au dessin.

"J'ai passé comme la fleur
J'ai séché comme l'herbe des champs
"

au dessus du repos éternel

Le Musée d'Orsay expose en ce moment sur l'Art Russe dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Un parcours complet et passionnant sur l'art d'un pays qu'on connaît peu: peinture, artisanat d'art, sculpture, photographie, arts graphiques. La plupart des oeuvres ne sont jamais sorties de Russie auparavant, une occasion unique de les découvrir.
Les paysages de la première salle m'ont particulièrement émue. Les reproductions ne rendent pas du tout justice aux originaux, la peinture russe est extraordinaire et mérite d'être vue de près : traces de pinceau et touches de couleurs donnent vie aux tableaux.

Isaak Levitan, Au dessus du repos éternel, 1899-1900

Nikolaï Kusnetsov, Jour de Fête, 1879

KOUINDJI Arkhip, Le Bois de bouleaux, 1879

Mikhail Nesterov, Vision du Jeune Bartholomée, 1889-1890

Victor Vasnetsov, Ivan Tsarevitch et le loup gris, 1889