Rembrandt/Caravage : et la lumière fut

Revenons sur l'exposition Rembrandt /Caravage, visitée quelques jours auparavant à Amsterdam. Malgré toute la polémique qui l'entoure, l'exposition ne manque pas d'intérêt. Elle ne réussit pas à éviter certains écueils dûs au déplacement en nombre des foules plus ou moins ignorantes de la vie et des oeuvres des grands maîtres : les commentaires de l'audio-guide sont parfois éclairants mais souvent horripilants... Toutefois le choix d'un nombre d'oeuvres restreint évite au visiteur d'être perdu et les mises en comparaisons des deux peintres sont souvent très intelligentes.

Au début de l'exposition, on revoit avec un immense plaisir cet Autoportrait de Rembrandt de 1627, les yeux dans l'ombre, le visage découpé par la lumière :

Les modes d'expression de la jeunesse dans toutes ses contradictions : un vif mouvement de recul et de dégôut pour le Garçon Mordu par un Lézard du Caravage (1596), un moment de contemplation pour le portrait de Titus en écolier, le fils de Rembrandt perdu dans ses pensées (1655).

Rembrandt a semble-t-il été beaucoup inspiré par son fils qui lui servait de modèle, ici représenté en moine, peut-être Saint François (1660). On peut admirer ce tableau au Rijksmuseum d'Amsterdam habituellement. Il vaut à lui seul le voyage.

Idem pour la Fiancée Juive de Rembrandt (1665), qu'on ne se lasse pas d'admirer.

Certains parallèles sont vraiment frappants. Entre autres L'Arrestation du Christ du Caravage (1602) et la Trahison de Saint Pierre de Rembrandt (1660). Deux traitements à la fois vraiment opposés dans le style et la composition, et proches dans le choix de l'emphase sur un moment dramatique, le moment-clé de la situation mis en relief par le jeu des regards.

Malgré tous les éléments qui les rapprochent et les années qui les séparent (à la mort du Caravage, Rembrandt avait 4 ans), ma "préférence" va aux oeuvres de Rembrandt. Sa peinture est une matière vivante, profonde, spirituelle qu'on pourrait contempler des jours entiers pour en saisir l'essence profonde, à l'instar d'un Van Gogh (dont le musée abrite l'exposition) qui resta deux semaines entières hypnotisé par la Fiancée Juive et qui en disait « C’est l’infini surhumain entrouvert ».

soleil rouge

Exposition singulière du méconnu Douanier Rousseau au Grand Palais, dont on peut voir habituellement quelques toiles au Musée d'Orsay. Ici des toiles venant des quatres coins du monde, un occasion unique de pouvoir les contempler...

En résonnance à ces jungles qu'il ne cessera de peindre, Paris et ses paysages urbains appelés à de profondes mutations, Paris mystérieux, Paris déserté...

De ses peintures très naives dont on se moquera beaucoup dans les Salons, un air de fêtes galantes mélancoliques, à la manière d'un Watteau...

Jungles oniriques et poétiques...

Ingres

Impressionnante exposition retraçant le parcours du peintre Jean Auguste Dominique INGRES au Louvre, par périodes, par genres, par centres d'intérêt. On découvre ainsi des aspects moins connus de sa personnalité, mais surtout des oeuvres issues de collections particulières, très rarement présentées au public. J'ai surtout été étonnée par la qualité de ses dessins, véritables portraits vivants, à la manière d'Holbein à la cour d'Henry VIII. Une petite salle est même consacrée aux rares portraits dessinés qu'il fit de sa femme Madeleine, dont neuf sur dix sont ici réunis pour la première fois. Il apporte également une attention particulière à saisir le regard sauvage et farouche d'enfants de bonnes familles...

La famille Stamaty , 1818

Madeleine Chapelle, Madame Ingres, 1814

Lady Harriet Mary Montagu & Lady Catherine Caroline Montagu, 1815

Une autre salle nous dévoile le sens premier de l'expression "violon d'Ingres". Grand amateur de musique, jouant lui-même du violon, il a réalisé de nombreux portraits de compositeurs : Liszt, Gounod, Paganini...

Franz Liszt, 1839

Niccolò Paganini, 1819

Bien sûr l'exposition n'occulte pas ses nombreux chefs-d'oeuvre, portraits de la haute bourgeoisie parisienne stupéfiants de réalisme dans le traitement des tissus et dans l'attention portée aux choix des accessoires :

Mademoiselle Rivière, 1806

Pauline Eleanore de Galard de Brassac de Bearn, Princesse de Broglie, 1853

Madame d'Haussonville, 1845

Madame Moitessier, 1856

Madame de Senonnes, 1814-1816

... portraits politiques dont deux versions écrasantes de Bonaparte :

Napoléon sur le trône impérial, 1806

... peinture aux sujets antiques (son prix de Rome, les deux versions du Sphinx interrogeant Oedipe...) :

Roger délivrant Angélique, 1819

Etude d' Angélique, 1819

... peinture religieuse :

La Vierge adorant l'Ostie, 1854

Le voeu de Louis XIII, 1824

... et évidemment ses odalisques alanguies, aux corps déformés et parfaits, aux bras immenses, aux poses sensuelles et idéales...

Odalisque à l'esclave, 1839-1840

La grande Odalisque, 1814

La baigneuse Valpincon, 1808

Le Bain Turc, 1862

La Source, 1856