Bob Dylan 1966 European Tour

J'écoute pas mal Dylan ces derniers temps, et ça me rappelle cette petite expo vue à Londres en novembre, à la mini galerie du bookshop de la National Portrait Gallery (on était vraiment tombés dessus par hasard).

Des photos en noir et blanc, prises par Barry Feinstein lors de la tournée européenne de Dylan au printemps 1966.
La période "électrique" (aka Cate Blanchett pour ceux qui ont vu I'm not there... quand il se fait huer aux concerts) juste après Highway 61 Revisited, juste avant Blonde on Blonde (enregistré en partie pendant cette tournée).

Ce qui parait fou, c'est la liberté laissée au photographe.
Il a accès à tout, constamment sur les talons de Dylan (monstre sacré), ce qui donne des photos vraiment intéressantes et étonnantes.

Pour en voir plus, une galerie ici.

Soulages @ Centre Pompidou

Une petite ballade "dans le noir", ça vous tente?

Alors il faut aller voir l'exposition Soulages à Beaubourg.

Je me souviens de mes premiers cours d'Histoire de l'Art en 2nde... on passait notre temps à dessiner sur les vieilles tables en bois, dans la salle de cours plongée dans la pénombre.
Notre professeur tentait de nous initier aux subtilités de l'art contemporain, à nous pauvres adolescents incultes.

Quelques noms sont restés, et je bénis aujourd'hui cette prof.

L'avantage d'aller au musée, c'est qu'on voit les oeuvres "en grand" (et pas en reproduction diapo toute pourrie).
Avec Soulages c'est essentiel. Pour la taille d'abord (que des grands formats, en moyenne 2x3m) et pour la texture des oeuvres.

Comme d'habitude à Beaubourg, l'expo est assez complète, on en prend plein les mirettes.

« Dans ma peinture où le noir domine, depuis l'enfance jusqu'à maintenant, je distingue objectivement trois voies du noir, trois différents champs d'action : le noir sur fond, contraste plus actif que celui de toute autre couleur pour illuminer les clairs du fond ; Le noir associé à des couleurs, d'abord occultées par le noir, venant par endroits sourdre de la toile, exaltées par ce noir qui les entoure ; La texture du noir (avec ou sans directivité, dynamisant ou non la surface) : matière matrice de reflets changeants.»

*Le noir sur fond* : les oeuvres au brou de noix (qu'on peut interprêter de différentes façons, moi ça m'évoque la calligraphie, même si c'est un peu réducteur...) et le travail du noir sur la surface de la toile (pour mieux faire "rayonner" les minces filets de blanc).

Déjà, on s'en prend plein la tronche, quelle énergie dans ces contrastes et ces grands formats...
Le geste ne décrit pas un mouvement, il devient partie intégrante de la composition, dans un subtil équilibre : «On est toujours guetté par deux choses aussi dangereuses l'une que l'autre : l'ordre et le désordre».
C'est un peu ce que l'on ressent, plantés devant ces toiles, à la fois une grande austérité/ intériorité, et une force vitale folle.

*Des recherches autour de la couleur*, avec des jeux de transparence, à travers le noir, plus ou moins frotté, opaque.
La lumière nait doucement, diffuse, comme à travers un vitrail.

Peu à peu, le noir envahit complètement la toile, on se perd dedans.

C'est la naissance de l'*Outrenoir* ("au-delà du noir") : un nouvel espace est né.
Du noir naît la lumière.
Grâce aux effets de brillance produits par les reliefs de l'huile et de l'acrylique, on peut bouger devant ses toiles pour les admirer sous différents angles (comme une sculpture).

Dans ses oeuvres plus tardives, on dirait que Soulages peigne la matière plus qu'il ne la peint.
La couche de peinture est très épaisse, c'est très voluptueux et sensuel.

On se pose souvent la question des outils aussi. Apparemment il utilise un peu tout ce qui lui tombe sous la main : semelles de cuir, pinceaux-brosse, planches de bois... un artiste-bricoleur en fait.

A voir au Centre Pompidou jusqu'au 8 mars 2010.

Voyages - Regards de photographes japonais sur le monde

Une belle belle belle expo à la Maison de la Culture du Japon à Paris, sur le thème du voyage à travers le regard de cinq photographes et un vidéaste japonais.

// Naoki Ishikawa //

On commence ce parcours avec l'ascension du Mont Fuji, photographié sous toutes ses coutures, même les plus intimes.
J'ai été touchée par le texte qui présente la série. Naoki Ishikawa explique qu'il aime revenir sur ses images, à travers le travail de tirage, de tri, que ce processus est comme un journal qui lui permet de "regarder vraiment" et de comprendre son sujet.

// Toshiya Momose //

On fait un passage en Inde, avec ces endroits incroyables. Impossible de rater une photo là-bas.
Toshiya Momose cherche le "lieu vide" dans la métropole (il prend l'exemple d'une ruelle perpendiculaire aux grandes avenues à New York, où le temps semble parfois s'être arrêté). Cela me fait penser à Depardon et sa recherche du "lieu acceptable"...

// Takeshi Dodo //

Takeshi Dodo a choisi les îles japonaises comme territoire de son errance photographique.
Ses noir et blancs enneigés sont à la fois poétiques et terriblement ancrés dans la réalité insulaire.
Isolement, passé, présent...
On se met à rêver en lisant son récit : "Un jour, j'ai démissionné pour devenir photographe free lance, je n'avais pas un sou en poche, j'ai acheté un billet pas cher et je suis parti..."

// Hiraki Sawa //

En parlant de poésie, cette vidéo de Hiraki Sawa fait atterrir des avions miniatures dans un appartement... quelle drôle d'idée, qui fonctionne naturellement...

// Sayuri Naitô //

On pose ensuite les yeux sur Lisbonne, à travers des couleurs éclatantes et des jeux de lumière. Avec ces images saturées et ce sens du détail, Sayuri Naitô créé des paysages graphiques.

// Kôji Onaka //

C'est un journal dans le Japon que nous fantasmons à travers certains films (je pense à ceux de Naomi Kawase) qui se retrouve dans ces photos. Petits détails du quotidien, ruelles, fils électriques...

Si l'expo vous tente, il faut vous dépêcher, elle se termine samedi 23 janvier.