Elle s'appelle Sabine

Elle s'appelle Sabine, elle a des yeux magnifiques, l'énergie de la jeunesse, des cheveux de sirène.

Elle s'appelle Sandrine, c'est une ombre, une voix, une présence, un repère, nos yeux.
A travers son regard, c'est une vie gâchée que nous observons, celle de sa soeur Sabine.
Flash backs, présent, passé dans présent. Tous les temps sont mêlés pour créer une mémoire, une trace de ce qu'a pu être cette jeune fille différente, mais pétillante et pleine de vie.

Aujourd'hui, toute énergie a quitté le corps de Sabine.
Son visage, sa silhouette sont méconnaissables. A qui la faute?
Le manque d'institutions adaptées à ces pathologies, pas très bien identifiées à l'époque?
L'évolution naturelle de la maladie dans ce corps qui grandit?

Comme un remède à l'impuissance et la culpabilité, Sandrine Bonnaire nous offre ce merveilleux portrait d'un être proche, exceptionnel, meurtri. Avec un fol espoir d'évolution et d'amélioration, pour "un jour, repartir en voyage avec elle".

La Fabrique des Sentiments // Paris

A voir si vous êtes fan d'Elza Zylberstein, que le réalisateur filme d'une caméra amoureuse... Elle est présente sur chaque plan, aucun personnage secondaire n'est vraiment développé, tout tourne autour d'elle... même les fans s'en lassent apparemment ;)
Un film à l'intérêt limité donc...

Avec Paris comme personnage principal, Klapisch nous fait plaisir, à nous les parisiens qui aimont tellement notre ville...
Ben oui, c'est sans doute un peu nombriliste mais c'est l'intérêt principal du film à mon humble avis.
Sinon ça tourne un peu à vide.
Heureusement, Binoche est magnifique et Luchini en grande forme :)

Juno

Un film comme un disque de Belle and Sebastian, musique douce et insouciante, paroles crue(lle)s. Acidulé comme les tic-tacs à l'orange.

Juno, merveilleux personnage qui nous renvoie à notre adolescence. Associations de fringues douteuses, goût pour ce qui sort de l'ordinaire, un don certain dans ses choix musicaux : je n'aurais pas renié Iggy & the Stooges.

Le beau visage d'Ellen Page, comme une page en train de s'écrire, lunaire, pudique, désinvolte... Une grand histoire la désinvolture et moi... Cette inclinaison à se laisser aller, pour voir. Aller puiser des ressources en soi. Espérer, attendre.

Curieusement, ce petit bout de film me ramène, quoi, huit ans en arrière. Assises sur le trottoir à regarder la nuit tomber, sous le réverbère, ou des trombes d'eau, à rêver notre vie. Rien à voir avec l'avortement d'une ado de 16 ans a priori.

On a tous un bout d'Enid ou de Juno en nous. Du moins je l'espère...

Garage

Une tristesse profonde vous envahit devant ce film...

Touché par une beauté triste, pure, simple... comme la nature (ici les paysages irlandais), *beautiful* skies, la lumière qui change, l'âme innocente, le besoin d'intimité, le contact charnel tellement désiré avec la peau vivante et chaude de quelqu'un d'autre, se sentir vivant...

La vie qu'on nous raconte ici est faite de bonheurs simples... et d'un terrible vide.

Rien. C'est tout ce qui passe par la tête de Josie, notre anti-héros. Et nous voilà pourtant submergés d'émotions.

No Country for Old Men / Sweeney Todd

Le "Mal" décliné en deux versions : l'Ouest américain des frères Coen et la comédie musicale de Tim Burton.

Les frères Coen d'abord, la claque, le talent évident, aucun doute là-dessus.
Une chasse à l'homme sanglante qui joue sur nos nerfs (les silences, mon dieu), ce personnage de tueur psychopathe, "démon baroque" (cf Télérama), incarné de manière troublante par Javier Bardem (ce rôle va lui coller à la peau).
Tommy Lee Jones, dans un rôle qu'on croit d'abord secondaire, reste dans un registre familier (on pense à son long métrage Trois Enterrements) : le désert, la désolation... sa dernière scène est particulièrement réussie, et surprenante. Un final brillant.
Bref, amateurs de sensations fortes et/ou de films contemplatifs, allez-y si vous ne l'avez pas encore vu.

Avec Tim Burton, c'est toujours un peu l'appréhension, l'angoisse, l'attente de quelque chose d'aussi fort qu' Ed Wood, Edward aux Mains d'Argent, L'Etrange Noel de Mr Jack...
Ici je ne crierai pas au chef d'oeuvre, mais on passe un bon moment. Personnages savoureux, histoire un peu manichéenne (mais bon, c'est une adaptation de comédie musicale, faut pas trop en demander non plus!), acteurs qui s'amusent (en même temps j'étais un peu mortifiée de les imaginer chanter comme ça à tout bout de chant sur le plateau... on doit se sentir un peu ridicule).
On retrouve bien les petites manies de Tim Burton, flash-backs idylliques d'une image du passé idéalisée, goût pour les marginaux un peu monstrueux... qui cachent souvent une blessure profonde...

En tout cas, pour une comédie musicale venant d'Hollywood, c'est beaucoup d'hémoglobine qui gicle au visage du spectateur, et c'est tant mieux.

Reviens-Moi

Drôle d'impression pendant le film... comme si le réalisateur n'arrivait pas à cerner son sujet, à le prendre à bras le corps...

Pourtant tout est là, si beau, si délicat, "so british" : le teint de porcelaine de Keira Knightley, cette maison bourgeoise tellement années 30, cette ambiance, cette chaleur de l'été, cette oisiveté, ce carré pas si sage d'une romancière en herbe, ce jardin anglais fouilli, fleuri, broussailleux...

Bien. Mais l'histoire alors?
On ne comprend pas bien l'enchaînement des évènements. On dirait plusieurs petits films mis bout à bout... Comme un collage un peu irréfléchi, censé nous éblouir par la beauté des images.

Pas d'éblouissement pour le coup, mais peu à peu on réalise ce que l'on a voulu nous montrer.

On nous raconte l'histoire à travers les yeux d'une enfant qui ne comprend pas ce qu'elle voit (ce qui fait un peu penser à What Maisie Knew de Henry James) !
Et c'est finalement à travers sa version romancée, écrite bien plus tard, que le film s'envole : elle imagine le devenir de ces personnages comme une expiation à sa propre faute.
Le réalisateur peut alors se permettre une des plus belles scènes du film, qui vaut le coup d'oeil à elle seule : un plan séquence titanesque, sur une plage de Dunkerque où des milliers de soldats en déroute attendent leur salut.