Lire encore

Photo :: Nathan Williams

Dernière lecture bouleversante, Freedom de Jonathan Franzen. J'arrive un peu après tout le monde, mais ce livre m'a plongée dans une abîme de réflexion, d'admiration (pour l'auteur), d'empathie (pour les personnages), d'addiction (connaître le dénouement, en savoir toujours plus).

Monsieur Franzen sait raconter une histoire et inventer des personnages qui ont une épaisseur impressionnante (il met des années pour écrire un livre : 6 ans pour penser aux personnages, 6 mois pour écrire).

Je suis fascinée par cet écrivain, et en attendant de m'attaquer aux Corrections, je pense entreprendre la lecture du Roi Pâle écrit par son meilleur ami, David Foster Wallace, autre figure fascinante.

some books

Quelques unes de mes dernières lectures, éclectiques :

Chroniques de Jerusalem, Guy Delisle

Après Pyongyang, Shenzhen et la Birmanie, le célèbre dessinateur canadien nous livre un pavé sur son passage d'un an à Jérusalem. Très dense et hyper intéressant. Fauve d'Or 2012 à Angoulême.

Ce qu'aimer veut dire, Mathieu Lindon

Un très beau livre à la première personne, où l'auteur dévoile son amitié profonde pour Michel Foucault et la relation qu'ils entretinrent.

A boire à manger, Guillaume Long

L'excellent livre tiré du non moins excellent blog de Guillaume Long, qui conjugue cuisine, humour et BD avec brio.

Portugal - Cyril Pedrosa

Une de ces lectures qui vous transperçent, et qui vous touchent direct à cet endroit qui résonne, votre corde sensible, celle qui vous fait poser le livre pour fermer les yeux et reprendre votre souffle.

Un voyage introspectif, magnifiquement mis en dessin et en couleurs, un personnage qui sort doucement de sa torpeur dépressive et reprend goût à la vie, une déclaration d'amour à un pays et une langue.

Et notre corde sensible qui vibre vibre vibre jusqu'à la dernière page.

Les nourritures de l'âme, mais pas que.

Lire - Paris est une fête, Ernest Hemingway

Un livre qui me faisait très envie depuis que j'avais vu Midnight in Paris, le dernier Woody Allen.
Impossible d'y résister quand je l'ai aperçu sur une étagère de la librairie Comme un Roman, rue de Bretagne, sagement rangé entre deux éditions poche.
Je le dévore avec un plaisir immense, et j'ai désormais très envie de lire tout Hemingway.

Ecouter - Spirit Guides, Evening Hymns

Groupe miraculeux venu du Canada, ils étaient de passage samedi à la Loge.
Concert intime aux beautés mélancoliques, duo de voix sur une guitare et une basse, accompagné de quelques samples par-ci par-là.
Deux personnes touchées par la grâce, vraiment.

Manger - La Sablière, Paris 14e

Et pour finir, si l'envie vous prend de vagabonder dans le 14e arrondissement, du côté de Pernety, et que vous avez une petite faim, je ne saurais que trop conseiller La Sablière, une toute petite crêperie posée sur une place, au 56 rue de la Sablière. Le patron est adorable, les galettes sont délicieuses (je conseille la Rustique) et la crème Chantilly est faite maison. Un délice!
Une adresse comme on aimerait en connaître plus à Paris.

des livres pour m'accompagner

Ma liste de livres à lire de toute urgence : 1/ Polina, Bastien Vivès - 2/ Fanfare, Aude Picault - 3/ & 4/ Blast tome 1 et 2, Manu Larcenet

En attendant de les acheter, je peux lire Blonde Platine, d'Adrian Tomine, qu'on m'a gentiment offert.

Le Grand Autre, Ludovic Debeurme

Après Lucile et Ludologie, je me replonge dans l'oeuvre de Ludovic Debeurme avec une somme, un pavé.

Son imagination est toujours aussi singulière. Son personnage, Louis, enfant raillé par les autres à cause de sa différence, est pétri de phobies et de comportements autistes.

Il s'évade dans un univers fantastique, faisant de la forêt son refuge et des animaux ses nouveaux amis.

Tout cela paraît fou mais l'on se laisse entraîner dans ce conte irréel avec curiosité, dévorant ces pages épurées à l'extrême.

On ne trouve pas toutes les réponses, ces quelques 300 pages restent énigmatiques et merveilleuses, comme un rêve qu'on n'a pas envie d'oublier.

to read list

lectures

Sur ma table de chevet le week-end dernier, deux romans graphiques et autobiographiques prêtés par Tami.

Ludologie de Ludovic Debeurme, dont j'avais déjà lu Lucile.
Hyper sensible, une auto-psychanalyse qui remonte à l'enfance, les jeux cruels, les petits monologues, les obsessions, les angoisses qui nous construisent.

Le goût du paradis de Nine Antico.
Un peu dans le même thème de la recherche de soi, de l'enfance à l'adolescence. Les premiers émois, les premiers mecs, les doutes, le manque de confiance en soi.
Avec cette voix-off qui nous plonge dans les pensées de Virginie, aka Nine, et les jeux de séduction des jeunes de banlieue.
C'est léger et ça fait sourire.

Toujours pareil en fait, les filles pensent aux garçons, les garçons pensent aux filles.
Un vrai bouillon d'hormones ces deux bouquins.

Juliet, Naked

"Mais ensuite, la musique devint trop forte pour bavarder, et Tucker commença à se sentir déprimé. Il avait redouté cette attaque de déprime. C'était la seule vraie raison pour laquelle il avait rechigné à venir dans ce bar. Il avait consacré beaucoup de temps à ne rien faire, mais l'astuce, quand on ne fait rien, en ce qui le concernait du moins, c'était de ne penser à rien pendant ce temps. Le problème, avec un concert, si on n'était pas emporté par une vague d'enthousiasme viscéral ou intellectuel, c'est qu'il n'y avait pas grand chose à faire, sinon penser; et Tucker sentait bien que The Chris Jones Band, en dépit de leurs efforts transpirants, ne seraient jamais capables de faire oublier aux gens qui ils étaient, et comment ils l'étaient devenus. La musique médiocre et assourdissante vous parquait en vous-même, elle vous incitait à arpenter votre esprit, jusqu'à vous donner une vision assez précise de la façon dont tout cela pourrait finalement se terminer pour vous. Dans les soixante-quinze minutes qu'il passa en sa propre compagnie, Tucker se débrouilla pour revisiter à peu près tous les lieux qu'il aurait été heureux de ne jamais revoir. Il remonta, à partir de Cat et Jackson, à tous les autres couples qu'il avait fait foirer, tous les gamins qu'il avait bousillés. La friche professionnelle des vingt dernières années bordait ces jalons, comme une voie de chemin de fer rouillée longe un bouchon de bagnoles. Les gens sous-estimaient la vitesse de la pensée. Il était possible de couvrir absolument tous les incidents majeurs d'une vie pendant le set moyen d'un groupe se produisant dans un bar."

Nick Hornby, Juliet, Naked

Les Autres Gens

Episode 1 // Bastien Vivès

Décidemment le web regorge de bonnes idées en ce moment.

Pour les procrastinateurs de première au boulot et/ou les amoureux de romans graphiques, un beau projet vient de voir le jour : Les Autres Gens.

Un drôle de pari, une vingtaine de dessinateurs derrière : créer un feuilleton bd, chacun à leur tour, avec un nouvel épisode en ligne chaque jour.
On accroche très vite à l'histoire et aux personnages, et c'est agréable de changer de style tous les jours.

Episode 2 // Vincent Sorel

Episode 3 // Aseyn

Episode 4 // Bandini

Il suffit de s'inscrire sur le site pour accèder aux planches, ça prend une minute et le mois de mars est gratuit (pour nous allécher). Ensuite plusieurs formules d'abonnements seront possibles : par mois (2,79 €), par semestre (15 €) ou par an (29 €).

Ca démarre très fort avec Bastien Vivès (oui, encore lui!), et quatre épisodes sont déjà en ligne...

Les 24 heures de la B.D.

Pour s'occuper le dimanche, rien de tel que d'aller faire un tour sur le site des 24h de la bande dessinée, avec cette année le thème des Pirates.
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe : les participants doivent créer une histoire en 24 planches à raison d'une planche par heure, un vrai marathon!!
Beaucoup de choses à voir, entre les propositions des professionnels, des amateurs et des étudiants en art.

Ma petite sélection "pro", pour le dessin, l'histoire, ou les deux :

// Boulet //

// Etienne Appert //

// Jimmy Beaulieu //

// Paul Burckel //

// Jeneverito //

// Bastien Vivès //

// Zviane //

Si une histoire amateurs / étudiants vous a accroché l'oeil, merci de me le signaler, je n'ai pas eu le temps de tout regarder.

Es muss sein!

Lu et vu L'insoutenable Légèreté de l'Etre de Milan Kundera (adapté par Philip Kaufman au cinéma).
Mettre le visage de la toute jeune Juliette Binoche sur le personnage de Tereza. Elle incarne la pureté à la perfection.
Un livre énorme, classique, que beaucoup ont lu déjà. Des phrases et des réflexions qui marquent.
Des niveaux de lecture qui se superposent, et invitent à relire plusieurs fois.
A la fin je ne voulais plus quitter ces personnages, je ne voulais plus quitter Prague, et je me posais encore plus de questions...
Y revenir donc.

Ecouté en boucle Lift your skinny fists like antennas to heaven, des regrettés Godspeed You ! Black Emperor.
Toute une époque.
Des morceaux fleuves, comme des symphonies, tout en guitares, bruits, sons... le fleuron du post-rock canadien, la référence.
Les pochettes en carton avaient de la gueule....
Du coup, je me repenche sur le catalogue de Constellation, j'ai pas mal de retard, avec plein de groupes à (re-)découvrir...

Pour la petite nostalgie, le live à l'Echangeur en 2002, on y était.

Et puis, comme je ne fais jamais les choses à moitié, j'ai terminé la saison 4 de Dexter en une journée (je tairais le nombre d'épisodes, je vais passer pour une folle) et je la trouve plutôt réussie.

la main et le regard

"La main et le regard, il n'est jamais question que de cela dans la vie, en amour, en art."

J'ai amorçé la transition 2009-2010 de la façon la plus douce qui soit : un livre, une merveille entre les mains.
La Vérité sur Marie, de Jean-Philippe Toussaint. Tableau en trois actes, à Paris, Tokyo, l'île d'Elbe.
Le narrateur, follement épris de l'insaisissable Marie (dont il est séparé depuis quelques mois) voyage dans le temps (flashs-back) et dans l'imaginaire (le sien, celui de Marie, fantasmé).
Un texte qui dit simplement ce que c'est, d'aimer quelqu'un, avec des passages inoubliables.

Maintenant, il me faut lire les deux opus précédents, Faire l'Amour et Fuir, pour en savoir plus sur ces deux personnages.

Et puis j'ai vu in extremis l'exposition Renoir au XXe siècle au Grand Palais (jusqu'au 4 Janvier).
Elle se concentre sur ses oeuvres tardives, mal connues, mal aimées du public.
Quelques toiles devant lesquelles je suis passée cent fois au Musée d'Orsay tout de même, et ses nus, très connus, si doux, si flous (il faut plisser les yeux devant la toile pour apprécier la lumière qui tombe sur les chairs).
Pas la meilleure expo de l'année tout de même...

La bande-son? Vic Chesnutt, At the Cut
Un grand artiste que j'aurais encore "raté", malgré les nombreuses occasions que j'ai eu pour le voir sur scène, trop tard.
Je me console avec son dernier album...

Amitié Etroite

J'ai acheté la dernière bd de Bastien Vivès sans trop me poser de questions, j'avais tellement aimé Le Goût du Chlore et Dans mes Yeux.

Amitié Etroite a les mêmes qualités : l'auteur nous parle encore des sentiments refoulés et de l'attirance des corps (deux ma-gni-fiques scènes charnelles, qui disent tout en quelques traits, sans être vulgaires).
Se pose ici la question d'une amitié sincère entre un homme et une femme. Possible? Pas possible?
Forcément, les sentiments interfèrent.

Quelques flash-backs nous ramènent au lycée, au début de cette amitié entre Francesca (jolie fille) et Bruno (sorte de geek qui sort rarement de sa chambre). Tout ça pour mieux comprendre la genèse de ce qui lie nos deux héros...

Seul petit bémol pour moi : je suis moins emballée par le dessin. A part les scènes d'amour qui sont très bien dessinées, j'accroche un peu moins.
Je vais quand même guetter son prochain album avec fébrilité... Bastien Vivès est devenu en trois albums un de mes auteurs préférés.

Dans mes yeux

Est-ce que l'on peut tomber amoureux d'un auteur en quelques pages?
Ressentir le trouble, la justesse des sentiments à travers quelques traits, un bouquet de couleurs...

C'est ce qui m'arrive avec Bastien Vivès.

Dans mes yeux, c'est l'histoire d'un garçon qui tombe amoureux.
Un personnage tout le temps présent, Elle, à travers sa vision subjective à Lui, qu'on ne voit jamais.
Ses petits gestes à Elle, ses attitudes, sa grâce mutine. Son regard tendre à Lui qui dit tout (sa parole est complètement absente).

Il la rencontre à la bibliothèque, l'observe d'abord discrètement. Puis elle le remarque et commence un dialogue dont on n'a que ses répliques à elle. A nous d'imaginer ce qu'il lui raconte.
On suit alors un parcours amoureux familier : un dîner improvisé au chinois, une séance de ciné, une soirée d'anniversaire... à travers un procédé peu habituel : tout est dessiné aux crayons de couleurs, ce qui donne un rendu très doux, parfois flouté, selon les émotions qui traversent le coeur de notre narrateur.

On dévore donc du regard cette jeune femme fragile, à travers ses yeux à lui, amoureux, mélancolique...
Encore une tranche de vie "banale" sublimée tout simplement, par quelques coups de crayon et une sensibilité à fleur de peau.