Immersion dans la nature mystérieuse et symbolique de Peter Doig au Musée d'Art Moderne de Paris.
Les toiles sont ambitieuses. Le format, américain.
On est absorbé par la peinture.
Doig travaille sur le rapport de l'homme à la nature dans un cadre imaginaire : il peint en intérieur, a contrario d'un Monet chasseur de lumière, à partir de photographies, vieilles cartes postales, pochettes de disques.
Pas vraiment de recherche sur l'ambiance, c'est plutôt l'idée de la trace, sous forme de symbole (le canoe, comme un trait, un monolithe posé au centre de la toile), qui fait jouer les textures, les couleurs, les plans et fait voyager l'oeil du spectateur.
"L'oeil ne perçoit jamais une image figée".
On se demande quelles sont les composantes qui font aimer un artiste ou pas. Pourquoi suis-je sensible à ces toiles?
Celles qui me touchent le plus ont trait au mystique, à la symbiose parfaite des couleurs qui opère un retour à l'état de nature (paradoxal quand on sait qu'il travaille sur l'influence de l'homme sur le paysage). Une nature sauvage, comme celle du Douanier-Rousseau, dans laquelle nous nous perdons, comme nous nous perdons dans ces toiles, à scruter les détails, les changements de techniques (graffitis, coulures, aplats de plâtre...).
On ne s'étonne pas que Doig ait grandi au Canada, pays couverts d'étendues désertiques, de forêts sans fin, de lacs silencieux.
On retrouve dans ses toiles ces paysages mystérieux, qui nous questionnent et ne nous racontent pas d'histoires.
Et qui nous font plonger au plus profond de nous-mêmes.