Un Conte de Noël

Sacré défi que d'écrire sur ce film dense, riche, aux multiples couches de lecture.

J'ai aimé. Beaucoup.

Les acteurs sont tous parfaits. Anne Consigny révélée, Deneuve fidèle à elle-même, Jean-Paul Roussillon pile dans le ton (de sa voix caverneuse), Mathieu Amalric juste génial, Chiara Mastroianni émouvante, Emmanuelle Devos même pas énervante (je n'aime pas trop cette actrice)...

Mais il y a plus que ça. Un sentiment d'accomplissement, de grande maîtrise. Pourtant je ne connais pas du tout le cinéma de Desplechin. Je suis donc vierge de tout a priori.

Ce qui m'étonne c'est que le film soit encensé par la critique mais si mal accueilli par le public qui le juge trop "élitiste". Oui, certes, les personnages sont issus d'un milieu plutôt "super qualité" et centrés sur leurs problèmes existentiels familiaux (ça ressemble à beaucoup de films français dit comme ça).
Mais c'est tellement plus ce film. J'ai du mal à trouver les mots, les critiques lues à droite à gauche retranscrivent bien mon sentiment.

Un petit medley :

Les Inrocks


"Un regard qui ne juge pas, ne désigne pas de coupables et semble accepter les conflits avec aménité, comme un des sels inévitables de l’existence – et un inépuisable carburant de fiction."

"Le travail de Desplechin, qui était à une certaine époque caricaturé comme un parangon de cinéma intello estudiantin rive gauche, est intensément physique. Les corps bougent, se déplacent sans cesse, on allume sa clope comme un cow-boy, on se colle des bourre-pifs, les dialogues fusent, le montage connaît peu de répit, la musique scande le tempo sur tous les registres, le récit principal (une affaire de leucémie et de transfert de moelle osseuse) est constamment nourri de récits secondaires (l’émouvante histoire triangulaire entre Chiara Mastroianni, Melvil Poupaud et l’excellent Laurent Capelluto en est l’exemple type), et même les genres n’arrêtent pas de glisser les uns sur les autres (film familial + film d’action + mélo + comédie + suspense) – Un conte de Noël est un film incroyablement dense, plein, généreux de tout, qui pète de santé cinématographique du premier au dernier plan. Dirigeant un casting de stradivarius, Desplechin ressemble à un chef d’orchestre plein de sève qui pousse ses instruments au maximum de leurs possibilités."

"Souvent, le cinéma français est un peu mince, laisse un petit creux, une pointe d’insatisfaction. Comme un repas de Noël, Un conte de Noël offre à boire et à manger, à ressentir et à penser, sans lésiner sur la quantité. On en sort rassasié, comblé. "

Libération


"Quelques secondes avant de faire semblant de minimiser le programme des festivités de Noël, Henri (Mathieu Amalric), malsain à souhait, une ordure, la pire de toutes, de celles qui ne prennent même pas la peine de vouloir séduire, dévisageait ses compatriotes : sa sœur Elizabeth (Anne Consigny), qui lui a barré l’entrée de la famille, son petit frère Ivan (Melvil Poupaud, à son meilleur) autrefois fêlé et désormais sauvé, ravi. Il pose les yeux sur son père (Jean-Paul Roussillon), replié sur son territoire, la musique, comme dans une bulle - il en est ainsi depuis la mort d’un plus petit frère -, et sa mère, «la femme de [son] père» (Catherine Deneuve, plus classe que jamais), sa mère, qui peut le dévisager tout en fumant une cigarette et, avec un calme presque réconfortant, lui balancer qu’elle ne l’a «jamais aimé». Contemplant cette crèche vivante, cette famille réunie pour l’occasion (entre la gravité du deuil et l’ivresse hystérique de la résurrection), il savoure : «On est ici en plein mythe et je ne sais pas de quel mythe il s’agit.»
Comme effectivement ici maman s’appelle Junon, la mère de tous les dieux dans la mythologie romaine, et le père Abel, ce prénom à la fois hébraïque, biblique et coranique, on peut comprendre la perplexité hilare d’Henri et commencer à esquisser nous aussi un sourire : la puissance absolue de la mythologie Desplechin est de se présenter comme une pure construction. Elle opère là où elle veut, par greffe."

Le Monde


"Desplechin revisite une famille dans tous ses états : confessions face à la caméra, psychanalyses, lanterne magique, saynète théâtrale. La musique porte le même désordre : cornemuses irlandaises pour les bagarres à la John Ford, clavecin pour un strip-tease, jazz et techno ailleurs. Henri, lui, celui qu'on est tenté de prendre pour l'alter ego de Desplechin, virevolte et vacille comme un elfe dionysiaque auquel il n'est pas question d'accorder la moindre circonstance atténuante."

"Tel est le credo d'Arnaud Desplechin, un "affamé de roman" : réel ou inventé, digne de ses géniteurs ou pas, cet Henri, impudent antihéros, surgit dans le foyer comme un coup de tonnerre, en plein orage, faune haïssable, spectre s'écroulant ivre mort pour ressurgir et narguer. Les siens l'ont transformé en personnage. Il relève le défi, dopé par le rejet dont il est victime, inépuisable histrion de la mascarade familiale."

les couples mythiques # 2

**Thelma & Louise // Quai Voltaire**

Indy

Indiana Jones fait partie de mon panthéon de l'enfance, à côté des James Bond, Star Wars, Princess Bride, Willow...
Des films qu'on connaissait par coeur avec ma petite soeur, dont on a usé la bande à force de rembobiner les cassettes, dont on pouvait doubler les dialogues pendant des heures (et notamment les 3h50 de Autant en Emporte le Vent!).

Mais je m'égare là.

Avec ce lourd passé, il était évident que je ne résisterais pas à la curiosité d'aller voir les nouvelles aventures d'Indy.
Je ne m'attendais certes pas à une merveille. Mais malgré quelques franches rigolades (surtout dûes au ridicule et à l'invraisemblance de certaines "cascades") le scénario est vraiment décevant.

Heureusement, Harrison Ford fait preuve de pas mal d'auto-dérision et de second degré, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas du tout. Et puis toutes les petites références aux films précédents font tout de même plaisir aux fans ;)

Patti Smith // Land 250 @ Fondation Cartier

Une exposition intime, pour les aficionados de Patti surtout.
La grande dame du rock nous accueille chez elle, dans son salon. On prend place dans un de ses beaux fauteuils en cuir patiné, au centre de la salle, et on laisse le regard vagabonder.

Justement, amoureuse d'un vagabond Patti? Les hommages à Rimbaud pourraient le laisser croire (elle possède même un exemplaire original d'Une Saison en Enfer!)
Juste à côté, une vitrine présente ses souvenirs de l'époque où elle fut parisienne.
Paris, ville bohème, où elle se promène, photographie, dessine, écrit.

Les polaroids sont alignés le long du mur, petites choses poétiques, visions. Elle capture ses voyages, ou "errances" qui sait?
Elle rend hommage aux personnes et aux choses qui ont de l'importance à ses yeux à travers des objets qu'elle collectionne : une photo des pantoufles de Robert Mapplethorpe, une pierre ronde et lisse du lit de la rivière où Virginia Woolf s'est noyée, une pièce de lin étalée sur une table... tactile, cérébrale, sensible. Elle nous présente son travail de mémoire le plus personnel possible, à fleur de peau.

Ses dessins trouvent à ce titre leur place dans cette grande pièce à l'éclairage subtil. Dessins d'enfance puis de maturité, ils s'inspirent encore des personnages qui constituent sa propre mythologie : Rimbaud, Bob Dylan, René Daumal...

On trouve le temps de s'attarder sur chaque détail, tant les deux pièces qui composent l'exposition sont bien conçues.
On peut papilloner d'un film à une vitrine, puis vers les photographies, pour finir dans la salle dédiée à Robert Mapplethorpe, sorte de mausolée où la voix de Patti nous guide tel un fil d'Ariane tendu.
Ici : calme, recueillement, épure. L'essentiel réduit à quelques objets et l'illusion de la mer sur une toile tendue.

monstrueuses...

... ces araignées de Louise Bourgeois dans Paris !
On peut les voir aux Tuileries et à Beaubourg, à l'occasion de la grande rétrospective qui est consacrée à l'artiste.
On se sent tous petits...

playlist

free music

Un petit mélange de ce qui tourne dans mes oreilles en ce moment, pour ceux qui aimaient jadis mes compiles, et pour les autres aussi :)

Suivi d'un petit focus sur les looks qui se cachent derrière les voix féminines :

Ma préférée du moment : la nordique Mai

La plus internationale : l'israelienne, française, new-yorkaise d'adoption Keren Ann

La plus Patti-Smith-ienne : la canadienne Feist

La plus cool, la plus rock, la plus vraie : Patti Smith justement

La plus trash et violente : la femme-enfant Scout Niblett

Un tour aux Tuileries

En ce moment, comme tous les parisiens, je fréquente assidûment les parcs de notre belle ville.

Ils ont ressorti des "oeuvres d'art" aux dimensions impressionnantes à l'occasion de l'exposition Monumenta au Grand Palais.
Ca change les perspectives.

Oooh, les jolis nuages cotonneux... :)

tous petits plaisirs de l'été... ronds et bons :)

(sans commentaires... miam)

The Pascals @ Café de la Danse

Non non non non, je vous vois venir, ceci n'est pas un énième groupe en "The" de petits rockers faussement rebelles, la mèche au vent.

On en est même très loin !

Avec treize musiciens sur scène, le groupe casse tous les codes.
Musique inclassable, entre orchestre / comptines / théatre / folklore / fantastique... ces joyeux trublions enchaînent reprises (même des musiques de films!) & compositions originales, en japonais dans le texte !

Ah oui, j'ai oublié de vous dire, cette formation extraordinaire vient du pays du soleil levant et doit son nom à une admiration sans borne pour... Pascal Comelade !

On n'a pas fini d'être étonnés tout au long du concert : violons, piano, accordéon, percussions, melodica, violoncelle, ponceuse qui fait des étincelles (oui vous m'avez bien lue!), casseroles, automates, sifflets, ballons baudruches, jouets d'enfants... tout ce qui fait du bruit les amuse et vient perturber leurs jolies symphonies.
Pas étonnant alors que Camille (qui était dans le public) vienne se joindre à eux sur le dernier morceau du rappel pour quelques vocalises !

Que de points d'exclamations donc, mais c'est la marque qui leur convient le mieux, dans une joyeuse euphorie un peu foutraque et loufoque !

(héhé, une pièce de choix pour ma vieille collection de setlists)

27 Robes

"Mouahahahahaha" que vous vous dites, non mais quelle idée d'aller voir un film pareil ?

Bon ben c'est clair, 27 Robes ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais bon ça on s'en doutait un peu en allant le voir, et tout ça c'est rien que de la faute au Festival de Cannes qui commence cette semaine : y'a rien de bien à voir en salles, grrrrr !

Bon OK, un peu naze mon excuse.

J'y suis donc allée consciemment, de mon plein gré, et c'était pas complètement archi-nullissime parce-que :

- l'action se situe à New York (d'où plein de petits plans qui font bien plaisir et qui donnent enviiiiie d'y retourner très vite),
- si on aime Katherine Heigl (c'est mon cas) on est plutôt servis ! J'espère pour elle qu'on lui proposera à l'avenir des rôles un peu plus étoffés quand même...

Voilà, deux raisons c'est mieux que rien n'est-ce pas? ;)

Parc Clichy-Batignolles

J'ai pris mes (fraîches) habitudes jogging dans ce parc du 17e, pas très loin de mon 18e.
Un endroit tout nouveau, situé sur les anciennes friches SNCF, où tout pousse pour la première fois : les arbres, les fleurs, les bassins, les allées...

C'est vraiment chouette ce qu'ils ont fait là. Le coin en avait besoin.

Les Citronniers

Un joli petit film, à voir surtout pour Hiam Abbass, magnifique actrice, au visage tantôt austère, profond, tantôt illuminé de grâce. Vue récemment dans Désengagement et La Fabrique des Sentiments, et il y a quelques années dans Satin Rouge, elle a vraiment une présence incroyable.

Le film développe surtout une belle galerie de portraits, au-delà de l'argument politique, et c'est ce qui fait son attrait.
Le cinéma israelien se porte bien (j'avais beaucoup aimé The Bubble l'année dernière), on en redemande :)

bloc notes

Les endroits qui valent le coup à Avignon, restos, balades...

Le Lutrin (3 place du Palais)

Un délicieux "magret de canard au thym, citron et soja, caramélisé au miel des garrigues" suivi d'un soufflé au Grand Marnier (miaaaaam), le tout arrosé d'un bon vin. Une adresse sûre dans un décor sobre et chaleureux. Parfait pour compenser une arrivée tardive sous la pluie.

La Vache à Carreaux (14 rue de la Peyrolerie)

Une vraie découverte dans une petite ruelle à deux pas du Palais des Papes. Bistro spécialisé en vins & fromages, service adorable, ambiance musicale idéale pour refaire le monde (du jazz et un live des Floyd). Prix raisonnables. A refaire absolument !

L'Ami Voyage (5 rue Prevot)

Une librairie-bistro qui fait tout : café, resto, coin lecture, bouquiniste... Pas eu le temps d'y aller dîner cette fois-ci, ce n'est que partie remise pour la prochaine fois!

Balades / Visites :

- panorama sur la ville et le Rhône au jardin du Rocher des Doms
- visite du Palais des Papes et de la cathédrale romane Notre Dame des Doms
- les cafés-terrasses de la place Crillon
- toutes les petites rues et places du centre...

- et et et... les marchands de glaces artisanales un peu partout :)

... on y danse on y danse

Retour d'Avignon hier soir, heureusement Paris aussi est baignée de soleil.

Flânerie dans les petites rues piétonnes, découverte de petites places charmantes, dégustation de glaces, squattage de terrasses, étonnement devant le mur végétal de Patrick Blanc, visite du Palais des Papes (aux volumes impressionnants), un petit tour sur le pont Saint Bénézet (qui s'arrête au beau milieu du Rhône)... bref il y a de quoi user ses ballerines sur les jolis pavés d'Avignon!

Ciao Stefano

Le cinéma italien nous réserve de belles surprises.

Cette gentille comédie douce-amère se laisse très bien regarder. Les personnages sont attachants et étonnants et la B.O. plutôt chouette.
Mention spéciale pour les deux t-shirts que Stefano porte pendant tout le film (punk oblige) : "Zorro" & "Merry Melodies", je veux les mêmes!!

Les Buttes Chaumont

Rien de tel après le boulot que d'aller prendre le soleil, tout en haut d'une colline bien pentue, j'ai nommé le parc des Buttes Chaumont.
Une première pour moi, malgré mes cinq années à Paris je n'étais encore jamais allée traîner dans ce coin-là.

Première surprise, les alentours du parc, en venant de Jaurès, sont plutôt très agréables : de belles rues bordées d'arbres et d'immeubles des années 30. De quoi revoir tous ses a priori sur le 19e arrondissement !

Ensuite ce parc est une merveille.
Un vrai parc, avec des arbres immenses, du relief, la vue sur Paris, un grand bassin...
Un mix improbable entre Central Park et un jardin à l'anglaise, en plus intimiste.

Bref, j'ai trouvé mon quartier général d'été :)

les couples mythiques

**Serge & Jane // Place de Clichy**

Désengagement

Malgré une Juliette Binoche radieuse (mais terriblement agaçante dans son personnage), un prologue très réussi dans un train remontant l'Italie vers Avignon, et quelques très beaux moments, je n'ai pas vraiment accroché à ce film...

Des personnages qui ne servent à rien, des situations sans issue, comme des prétextes vides de sens pour filmer... Mouais.