Lisette Model @ Jeu de Paume

Une petite visite sans a priori au Jeu de Paume cette semaine, je ne connaissais pas du tout Lisette Model.

Ses séries de portraits, remarquables par ce qu'elles documentent, ne m'ont pas touchée.
Les visages sont froids, grimaçants, laids. Ses sujets de prédilections sont les petits vieux, clochards ou bourgeois. Un vrai casting pour Groland...

Il y a néanmoins quelque chose de très moderne dans la "street photography" des années 30-40.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à tous ces photographes-bloggeurs qui font fureur en ce moment (Garance Doré & The Sartorialist pour n'en citer que deux).
Arrêter quelqu'un dans la rue parce-que quelque chose nous a accroché chez lui et le faire poser... ça existait déjà il y a 70 ans!!

Les deux séries qui m'ont le plus plu sont (comme par hasard) ses recherches effectuées à New York à partir de 1938.
Influencée par la modernité de cette ville incroyable?

Les Reflections sont des portraits surréalistes de la ville, où les buildings se superposent en transparence aux vitrines.

Running Legs ou le rythme trépidant, le pouls galopant de la ville, figurés par la foule qui parcours ses artères. Des prises de vues à ras du sol, où l'individu ne compte pas. La foule est dépersonnifiée.

Avec un peu de recul, je me rends compte que ce sont les photos où l'on ne voit pas de visages qui me plaisent.
A quelques exceptions près, comme cette merveille prise un soir chez Nick's :

C'est au Jeu de Paume jusqu'au 6 juin si ça vous intéresse, hurry up!

home sweet home

Turner et ses peintres @ Grand Palais

Si vous vous attendez à admirer les toiles les plus célèbres de Turner dans cette exposition, vous risquez d'être surpris!

On découvre plutôt son cheminement artistique et le dialogue pictural avec ses contemporains : ping pong, hommages, pastiches, concurrence... Turner semble s'être nourri de styles et de genres très divers, parfois très loin de ce que l'on connait de lui.

Toutefois, on retrouve souvent sa touche, floutée, vaporeuse, et les traits se font moins précis au fil de l'expérience... sa vision artistique se précise, son style s'affirme pour devenir unique.

L'épure. La lumière.

Spectacles Sauvages @ Regard du Cygne

Un des très bons côtés de mon récent emménagement à Paris, c'est de pouvoir profiter des soirées dans la capitale, découvrir des lieux, des artistes...

Une première hier soir dans le XXe, au Studio Le Regard du Cygne, un ancien relais de poste caché derrière une porte cochère en métal. L'endroit est géré par l'Association Musique Danse XXe, dans une ambiance très cool : on se promène pieds nus dans la petite cour pavée et l'on peut même prendre un verre au petit bar en attendant le début du spectacle.

photo : Anne Girard

Une belle découverte pour moi ce soir : le duo Pour la beauté du geste avec Sharath Amarasingam et Fabio Bello, deux danseurs très complémentaires... De style contemporain, leur création touche au hip hop et à la danse indienne de manière subtile.
Les plus beaux moments sont ces sourires qui naissent spontanément sur leurs visages quand le dialogue se fait plus intime et rapproché...
Un vrai marathon, les deux danseurs terminent à bout de souffle et l'on a irrésistiblement envie de les rejoindre sur scène dans un élan joyeux!

photo : Nina Hernandez

Un autre moment très fort, la création de Tatiana Julien, danseuse au CNSMDP : Eve sans feuille et la cinquième côte d'Adam.
Quelques minutes qui tranchent avec le reste de la soirée.
Une danse plus cérébrale et en même temps viscérale. Répétitive. Sensuelle.

Trois danseuses contre un mur face au public. Trois musiciens disséminés sur le plateau : pianiste, guitariste, chanteur.

Quelques réactions dans la salle à l'entrée des danseuses. J'entend chuchoter derrière moi "oh non, je ne supporte pas quand il y a de la nudité, ça me bloque."
Deux danseuses ont effectivement les seins nus, mais aucune vulgarité... c'est justement le propos de la pièce... je ne comprends pas ce genre de réaction... surtout de la part d'un public qui vient voir de la danse contemporaine dans un lieu assez confidentiel...
En même temps c'est intéressant, ça fait réagir et ne laisse pas indifférent...

Don't look back

Le grain épais du noir et blanc, les looks 60's, les groupies (toujours une potiche quelque part dans le cadre, et quelques figures connues dont Joan Baez), les chansons bien sûr, les sempiternelles questions des journalistes ("est-ce que vous croyez à ce que vous chantez?" etc), la running joke sur Donovan, la séquence d'ouverture façon clip sur Subterranean Homesick Blues...

Pas étonnant que ce documentaire soit culte.
Filmé lors de sa tournée en Angleterre en 1965 (cf les photos de Barry Feinstein), le film prête souvent à sourire et fascine.
Le très jeune monstre sacré Dylan se laisse tourner autour au début, de loin, et se dévoile de plus en plus, parle, s'énerve...

Je connais finalement peu Dylan... mais petit à petit j'ai envie d'en savoir toujours plus...

"I'll let you be in my dream if I can be in your dream"

Ile Saint Louis >> Oberkampf

Mai & Lonely Drifter Karen @ L'Européen

Très bonne surprise hier soir à l'Européen, pour une soirée "blonde power" avec deux chanteuses adorables.

La première partie est assurée par Mai, duo franco-suédois enrichi depuis peu d'un troisième homme, avec la ravissante (et parfaitement francophone) Johanna Wedin au chant et clavier.

J'avais repéré ce petit groupe depuis un moment, mais jamais eu l'occasion de les voir sur scène.
L'ambiance est très douce, folk (guitare acoustique, clavier, xylophone...) et la voix sucrée de Johanna se pose à merveille sur ces mélodies tranquilles.

Du coup j'ai acheté leur EP, Silent Seduction, qui ne doit pas être trouvable facilement étant donné qu'ils ne sont pas signés et cherchent un label.

Pour info ils donnent un concert le 19 mai à 19h30 au Centre Culturel Suédois à Paris.

La soirée a continué dans la bonne humeur avec Lonely Drifter Karen (aka la viennoise Tanja Frinta entourée de l'italien Giorgio Menossi à la batterie et l'espagnol Marc Meliá Sobrevias aux claviers).

Les nouveaux morceaux sont un peu plus péchus que ceux du premier album. C'est sans doute grâce à l'ajout d'un guitariste sur scène qui donne un son plus dense.
Le groupe a une personnalité vraiment attachante : le ping pong verbal et musical entre Giorgio et Marc contraste avec la timide et gracieuse Tanja.
Cette fille est vraiment intriguante je trouve. Ses chansons et son univers sont vraiment à part, je rêverai de faire son portrait (écrit et photo).

London // Highgate Old Cemetery

Les vieux cimetières... une drôle d'attirance pour ces endroits un peu oubliés sous le lierre.

Celui d'Highgate dans le nord de Londres m'a tout de suite rappelé Reykjavik, où j'avais pris une centaine de photos...
Des tombes bancales, des inscriptions du XIXe siècle, des anges bienveillants, et la végétation qui envahit tout...

London // Tufnell Park & Camden Road

London // Kew Gardens

Quelque part au sud-ouest de Londres, tout au bout de la District Line, juste au bord de la Tamise quand elle est encore sauvage : Kew Gardens.
Dans la Palmeraie et la Grande Serre, on fait le tour du monde en passant par tous les continents, sous des arbres exotiques qui vont caresser les vitres du plafond de leurs immenses feuilles...

Dans le parc on se croirait parfois seuls au monde, entourés d'arbres en fleurs et de bluebells... un vrai paradis qui invite à la rêverie...