Recueil de trois nouvelles (format qui convient bien à mes pérégrinations quotidiennes), Légendes d'automne nous plonge en plein coeur des mythes américains.
Ce n'est pas un hasard si deux de ces nouvelles ont été adaptées au cinéma. Au fil des pages, les thèmes nous semblent tellement familiers.
Dans Une vengeance, la traque des ennemis, le désert, des personnages beaux et charismatiques comme des héros, la façon dont on parle du "pays", les horreurs qu'on inflige aux gens... tout cela évoque un pêle mêle d'images, de Kill Bill à No Country for Old Men.
L'Amérique se nourrit de sa propre mythologie, la construit et l'enrichit en même temps. Jim Harrison n'a pas inventé tout ça, il faudrait plonger très loin pour en trouver les racines, mais il créé un rythme, un souffle épique à travers son écriture.
Dans L'homme qui abandonna son nom, si l'on a l'impression que Harrison va très vite, on arrive néanmoins à s'attacher à son personnage, Nordstrom, qui remet en question toute sa vie à la suite d'un divorce. Questions existentielles, détachement du quotidien et des personnes qui le peuplent... bizarrement, cela m'a beaucoup fait penser au personnage de Kevin Spacey dans American Beauty...
En tout cas, Harrison va vite, mais nous livre suffisamment de détails et de sujets de réflexion pour nous plonger dans nos propres pensées, envies, interrogations....
Légendes d'Automne vient conclure ce livre comme une apothéose, avec un personnage fascinant au milieu des autres : Tristan.
Oui oui, je vous vois venir, Légendes d'Automne ça vous évoque un film plutôt raté (et très librement adapté) avec Brad Pitt en tête d'affiche.
Et bien justement, le personnage de Brad Pitt, Tristan, est celui qui est le plus développé dans le roman. Il convoque presque à lui tout seul (les autres personnages aident un peu) toute une soufflée d'histoires romanesques ou romantiques, des Hauts de Hurlevents à Adolphe, en passant par Joseph Conrad ou Apocalypse Now.
Comment 80 pages peuvent-elles être si denses?
On ne peut pas s'en empêcher, on tombe amoureux de Tristan, des personnages qui gravitent autour de lui, du mois d'Octobre, de la fuite en avant, de la recherche inconsciente du bonheur... et de l'écriture de Jim Harrison, véritable génie qui dit beaucoup en si peu de mots.
En conclusion, on pourrait se demander ce qui rend l'écriture d'Harrison si éminemment cinématographique ?
Pourquoi tant d'images nous viennent à l'esprit au contact de ces romans ?
Ses personnages semblent juste très humains. Tout simplement.
Et c'est sans doute cela qui nous parle.
Je n'ai pas encore la réponse à toutes ces questions, mais j'y travaille... si vous avez des idées... Claire?